Captain Igloo : 2 jours de road trip dans le Sud d’Aqualand.

Si Iceland la bien nommée se revêt d’un blanc manteau l’hiver, Aqualand lui irait mieux en été tant l’eau vive est partout, dans tout, et sous toutes ses formes imaginables.. Milliards de mètres cubes de glace et de neige figés d’un cristal diamantin, qui, du printemps aux premières gelées, se meuvent alors en une eau pure et polaire, dévalant en jusants les pentes noires des volcans endormis, en ruisseaux inextricables, cascades tsunamiesques, chûtes abyssales, rivières souterraines, indomptables veines gonflées au creux d’étroits canyons noirs de cendres volcaniques. Nous voici enfin au stade premier de la planète. Je commence à comprendre ses contractions. L' Eau rencontre parfois, alors encore glaciale, les chairs trop brûlantes des entrailles de cette si jeune terre, ici à seulement dix pieds sous terre. Vaporisée, ébouillantée, elle cherche en toute urgence la surface libératrice, l’air pur exorcisant cette trop longue apnée, et s’y répand en marmites bouillonnantes, ruisseaux ocres et âcres saturés de soufre, geysers triomphants de vie. Ici est le premier matin du monde. De ce joli chaos , de ce magnifique enfer auquel ne résiste aucun coeur de pierre, j’aperçois enfin d’ou je viens, d'ou nous venons. Face à tant de beautés et d'énergies, le grand mystère devient évidence. La crainte d'abîmer tout cela aussi. Car du fracas assourdissant notre mère Terre chuchote à nos oreilles distraites de ne pas trop nous en faire. Mais je sais qu’elle souffre de plus en plus de nos enfantillages. Mais bon sang, quand serons nous dignes de ce précieux cadeau patiemment fabriqué en ses eaux ? Ne gâchons pas cette chance, tout le monde ne l’a pas, de nous présenter un matin devant elle, fiers, beaux et grands d'avoir enfin compris qu' il ne suffit pas d'aimer pour protéger. Et nous vivrons encore longtemps ensemble, Elle rassurée, Nous enfin sages et protecteurs du sol qui nous tient debout. Le dicton islandais du jour : Vilji mannsins er paradís hans, en það getur orðið helvíti hans (La volonté d'un homme est son paradis, mais elle peut devenir son enfer) A bien tard !