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Voyage en Terenga (Sénégal) Mars 2010
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Sine Saloum - Djoudj - Barbarie - Page 2
Notre case du campement Bazouk est en dur, avec un toit de paille, assez vaste et propre, les matelas sont corrects, une case spartiate mais largement suffisante en tout cas pour y passer les quelques nuits passées à Marlotj. La moustiquaire est en bon état mais par sécurité je mettrais la mienne imprégnée de répulsif anti-moustique, par-dessus, vu l’esprit têtu et taquin des hordes de moustiques.
Pas d’électricité dans les cases, bien sûr, simplement, pour l’éclairage, un néon qui marche au l’énergie solaire .
Une petite douche froide ainsi qu’un robinet ne laissent échapper qu’un filet d’eau. Habitués aux débits généreux et inépuisables de nos mitigeurs occidentaux, la priorité vitale de l’eau en saison sèche saute aux yeux, et l’accès à l’eau potable est véritablement un problème, d’autant que Marlotj est une île.
Le sol des terres du Sine Saloum est gorgé d’eau saumâtre, non potable, née du mélange du fleuve et de l’océan qui remonte très loin dans le delta. Les îles comme Marlotj doivent déployer de grands moyens pour s’approvisionner en eau douce. Les villages de Marlotj ont mis leur moyen en commun pour construire un grand réservoir ou l’eau arrive par tuyau depuis le continent et se remplit en saison des pluies.
Ensuite une grosse pompe achemine l’eau par des tuyaux souterrains équitablement à chaque cuve de chaque village ; le seau d’eau est ensuite facturé 15 CFA au villageois qui vient se fournir dans chaque cuve du village. Le problème se pose en saison sèche, quand le réservoir est à sec, certains villages n’ont plus d’autre choix que de javelliser et filtrer sommairement l’eau des nappes phréatiques qui est encore impropre car trop salée. Ce n’est qu’une solution provisoire en attendant les pluies car beaucoup de problèmes intestinaux se font alors jour. Ou alors le villageois peut aller dans une village voisin encore pourvu en eau, en charrette, pour remplir ses bidons . La solidarité joue encore et toujours un grand rôle dans ces problèmes quotidiens.
Au campement du Bazouk, des bidons plein d’eau saumâtre sont laissés en plein soleil à disposition devant chaque case si on veut de l’eau chaude pour la douche. Pour la boisson, de l’eau en bouteille..et des litres de Gazelles !!. Le soir une lampe tempête à pétrole permet de s'é éclairer.
Pour info, pour recharger les batteries d‘appareil photo ou autres, on peut les donner à Justin, adorable et discret homme à tout faire du Bazouk, qui se chargera de les brancher au bar sur lune prise 220V. Les repas du soir sont très bons au Bazouk, bravo la cuisinière.
L’ile de Marlotj est pour l’instant un havre de tranquillité. Le campement du Bazouk, est très bien situé au bord d’une anse du Saloum entre deux zones de mangroves
avec une petite plage ou l'on peu se baigner au plus fort de la chaleur (attention au courant au plus fort de la marée), mais de nombreux autres campements s’échelonnent de part et d’autres du Bazouk, témoignant de l’intérêt touristique grandissant du Saloum et de Marlotj en particulier qui n’est qu’à une demi heure de pirogue de Ndangane. Pour l’instant l’endroit semble, à priori, suffisamment reculé pour n’accueillir que des routards ou des voyageurs en quête de nature et de tranquillité , propice aux rencontres d’homologues avec qui les échanges d’impressions de voyage le soir autour d’un verre pourront se développer. D’ailleurs on ne croiseque rarement croisé des blancs à Marlotj (pour l’essentiel des gens faisant partie d’ONG) .
Cependant, signe des temps, certains touristes français viennent au Bazouk avec armes , chiens et bagages comme on loue une chambre au Cap d’Agde pour un week end, brisant parfois la tranquillité du campement en lui donnant un parfum de camping du Sud de la France au mois d’Aout, pour le moins anachronique dans un tel environnement...
Autant le dire, l’ambiance du Bazouk n’est vraiment pas folichonne, seuls Justin et son collaborateur illuminant de leur sourire et de leur prévenance le soir la case restaurant ou au bar.
Déception donc, que l’ambiance impersonnelle de ce campement qui tranche avec la chaleur humaine africaine même si les échanges avec des voyageurs de passage permettent de prolonger les soirées autour de bières Gazelle.
Ce ‘est pas très grave , on ne fait qu’y dormir ou y manger en général.
Voilà pour cette petite description de l’endroit, à toute fin utile pour ceux qui décident d’y aller
La lumière faiblarde de l’aube est là et commence à filtrer à travers les persiennes; les oiseaux s’activent dehors, je me lève rapidement, comme dans l urgence du premier matin du monde que je ne veux pas manquer. Les 3 chiens du campement me sautent dessus de joie, aboient à tout rompre, et font fuir toutes les bestioles, ils sont gentils mais un peu chiants, tant qu’il fait frais, ils sont tout fous, quitte à se jeter à l’eau pour essayer d’attraper les cormorans qui pêchent.
Les chants des oiseaux va crescendo au fur et à mesure que le jour pointe. Une véritable symphonie de sifflements, de sons flutés, de rires, de hululements ou de percussions, qui se répètera chaque aube, comme un petit miracle. Rapides comme l’éclair, les flèches fluorescentes que sont les souimangas ne cessent de virevolter ; tantôt en vol stationnaire au dessus d’une fleur de bougainvillé, la seconde d’après ils exécutent un grand huit supersonique pour séduire leur femelle ne se posant que le temps d’un battement d’aile.
Certains ont bien voulu se laisser photographier, après le photographe, il est ce qu'il est..
Tisserin et son nid caractéristique
Gorge-bleu
Bergeronette à tête grise
Souimanga
Les calaos traversent la mangrove se posant en haut des grands acacias.
Au loin, de la mangrove de plus en plus verdoyante, jaillissent des balbuzards, des gros cormorans et des hérons qui partent en chasse. Les moustiques ne sont pas en reste et participent à la fête du soleil qui tel un une boule irradiante, s’emploie déjà, à peine levée, à méthodiquement brûler la moindre parcelle de peau non protégée de ses rayons cuisants..
Vêtement longs imprégnés et Insect écran peau obligatoires, le matin et le soir, si l on veut diminuer les piqures, et ajoutons à cela de l’écran total en journée. La contrainte obligatoire, les deux cérémonies journalières du voyageur craintif pour sa tendre peau d’européen, contrainte avec laquelle on prend de grandes liberté les jours passant..
Après le petit déjeuner j'ai hâte d’aller à la rencontre de l’île, faire une première balade au village de Marlotj voisin du campement.
Mrcher dans ce village de poussière est mon objectif, quasi désert, de cases brunes, de murs décrépis et de tôles entrebaillées , de lézards rapides, d’oiseaux énervés et d odeurs fortes.
Les femmes que l’on aperçoit sont des fleurs poussant dans la poussière, habillées de couleurs vives, simplement, mais très souvent avec classe ; bien souvent, un pistil noir et rond accroché dans le dos, et quelques princesses miniatures en robe blanche qui s’évertuent à les suivre dans le sens contraire de la marche.
Pas un mot pas un cri pas un pleur d’enfant. Il suffit d attendre, et la petite troupe se rassemble et disparait derrière le virage entre les clôtures de roseaux séchés par le vent brûlant du Saloum. Un vase de tomates ou 5 kilos d’eau sur le crâne, les yeux fixant l’horizon, la tête haute, les femmes glissent comme de fières statues avec dix fois plus de classe qu’un défilé haute couture. Lorsqu’on les croise, cela ne les empêche pas de chanter de tous leurs diamants d’ivoire une chanson disant "bonjour ca va bien?", véritable hommage à la chaleur humaine.
Dans les ruelles de bric et de broc en foulant le sable terreux qui constitue le sol des ruelles, j'avance au hasard des rencontres et me rend au petit marché alimentaire des femmes, poissons, tomates, aubergines africaines mais m'abstien d’acheter les légumes .
Et soudain en ressortant, les petites mains sales qui agrippent les nôtres, les yeux noirs tendus plongent dans le coeur des miens, me supplient de les porter, les nez qui coulent, mais, sans un mot. Les plus grands sourient les plus petits restent sérieux. Ils ne parlent pas français, leurs parents ne peuvent leur payer les fournitures pour aller a l’école. Une gentille curiosité, un jeu peut être, pour les plus petits, une petite fierté que de donner la main et se faire porter par un blanc. En tout cas pas de sollicitations pour de l’argent par les plus grands, le tourisme n’a pas encore trop pourri ce coin ci.
Pas d école donc pour ceux dont les parents ne peuvent payer les fournitures à l école publique . Quand a l école privée c est 20000 cfa( 30 euros) l’année autant dire que seules les enfants parrainés ou les familles aidées par des assos catholiques françaises peuvent s y inscrire. La question de l’aide se posera à nos consciences tout au long du voyage. Que ce soit avec une personne qui nous aborde directement pour demander de l’argent, ou même à un ami de quelques jours, les réponses à la question « comment bien aider ? » sont loin d’être évidentes. Les réussites, les gratifications qui reviennent aux ONG, associations charitatives, ou aux démarches individuelles, ne sont pas toujours à la hauteur des espérances ; l’ouverture de nos porte monnaies est quelque chose de tout à fait normal vu de ce peuple. Comment pourrait il en être autrement après des dizaines d’années de colonialisme? Les déviances, détournement, foirages des formes d’assistance ne sont pas rares. Même les parrainages, individuels et direct sur place, vécus par des personnes rencontrées à Marlotj, ou en passant par des associations, à distance, peuvent être la source de grosse désillusions, si ils ne sont pas sérieusement étudiées et surveillés..
Aide efficace et soulagement de bonne conscience ne font pas bon ménage.
Aussi ai-je choisi de ne rien donner directement aux personnes qui demandent (enfants ou adultes), mais plutôt de donner à un chef de village ou à un instituteur sur lequel compter pour employer au mieux le don en argent ou en nature. Après c’est lui qui voit.
Donner à un enfant est je pense une erreur. C’est lui apprendre le plaisir fugace de la consommation , lui montrer que le blanc donne sans qu’il n’ait autre chose à faire qu’a tendre la main, galvauder l’autorité parentale qui va voir sa progéniture exhiber un bien que les parents eux-mêmes ne pourraient acheter.
Bref, beaucoup de questions, d’interpellations affectives, mais peu de réponses, chaque individu réagit différemment.
Heureusement certaines opérations sont couronnées de succès, tel ce potager Communal du village installé par une ONG italienne et qui désormais tourne à plein régime parfaitement géré par les villageois eux-mêmes. Seuls les produits « phytosanitaires » (les engrais et répulsifs chimiques) sont achetés et expédié depuis l’Europe par l’ONG.
Amin est musulmane comme une petite majorité des femmes de Marloutj. Elle m'invite chez elle, à me faire découvrir les légumes de son petit potager personnel.
Elle habite un lieu de vie typique, une case devant une cour intérieure et son arbre à palabre pour régler les problèmes familiaux.
A 44 ans (elle en parait beaucoup moins) , elle est la deuxième femme d’un mari qui préfère vivre ailleurs chez sa troisième femme. Elle entretient et partage donc cet endroit avec la première épouse. Son mari a eu le temps de lui faire 8 enfants depuis ses 20 ans. Elle doit donc les élever seule et pour se faire elle vend des objets en bois aux touristes de passage. Bonne musulmane, elle fait ses 7 prières quotidiennes à heures fixes sauf lorsqu’elle est malade, ou bien qu’elle est dans un endroit où cela n est pas possible comme le précise le Coran. Elle va à la mosquée à la prière du vendredi bien sûr. Tout comme les chrétiens du village vont à la messe du Dimanche à l’église.
4O pour cent de Marlotj est chrétien, 60 pour cent est musulman. Le Nord du Sénégal est quasi exclusivement musulman, mais plus on va vers le sud, plus on rencontre de Chrétiens. Pas de polygamie officielle chez les catholiques. Mais tous les villageois de Marlotj sont de famille plus ou moins éloignée. Ce qui fait le ciment de la population, comme dans toute l’Afrique, c’est la famille et la solidarité villageoise. Et ici les deux religions cohabitent bien. Amin raconte qu il n y pas de maire au village, mais un chef. Les problèmes se résolvent d’abord en famille avec la validation du chef de famille. Apres ce sera au chef du village qui est chrétien actuellement, de résoudre les difficultés non résolues à l’échelon familial. Enfin, c’est au maire officiel, celui qui administre toute la région de l’ile de Marloti (5 villages) de venir à bout des décisions qui restent à prendre, mais en général tout est réglé dans le village lui-même de façon collégiale.
Le forgeron du village au travail avec son fils qui tourne la meule
l’épicier, tous sont acceuillants, parfoisoffrent de rentrer chez eux pour parler, partager. Ou bien sans se préoccuper des blmancs ils vaquent à leurs affaires, s’ils sentent que l'on est intéressé pour en apprendre un peu plus sur leur vie, ils nous convient à partager un moment de leur journée, ne sont jamais tenus par l’heure, priorisent par-dessus tout le rapport humain mais restent simples. Quand le dialogue s’établit les paroles sont aimables, gaies, le rire n’est jamais loin pour et peu que l’on commence à plaisanter ils démarrent au quart de tour. Puis la vie continue.
C’est un village ou l’on se bien car nous ne sommes pas ramenés à nôtre condition de blanc privilégié . Nous ne portons pas comme un fardeau notre richesse encombrante par rapport à la relative pauvreté qui nous entoure, du coup la simplicité de notre comportement facilite grandement la sincérité et la véracité des échanges.
D’autres ont déjà pratiqué le Toubab d’une autre manière, et leur accueil rieur et hyper chaleureux ne cache pas du tout un interêt pour notre porte monnaie, notre adresse ou notre numéro de téléphone : les femmes de l’Artisanat dont le seul but est évidemment de vendre un maximum de choses aux visiteurs.
Le marché artisanal de Marlotj est compose de 44 femmes qui revendent des objets africains.
hetés au préalable à Dakar, objets que l’on trouve partout. Elles occupent par dizaine à tour de rôle cet endroit stratégique tout au long de la semaine.
Chacune garde le produit de sa vente ce qui fait que le malheureux acheteur qui fait une bonne action auprès de l’une d elle se trouve aussitôt culpabilisé par le bagout de celles qui n’ont pas vendu.
La tchatch est une seconde nature. Ce sont de redoutables commerçantes avec tantôt un sourire permanent, tantôt au bord des larmes car leurs enfants ne pourront manger si l’on achète pas.
Leurs sollicitations ne sont pas agressives évidemment mais permanentes. Capables de venir à votre rencontre même si vous passez à 500 mètres de là. .
Acheter des choses dans le village est une bonne alternative pour participer à l’économie locale et la vielle dame silencieuse et son petit fils, assis devant un petit étal à la sortie du village ,seront nos fournisseur attitrée en oranges et bananes, à chaque fois que je viendrais y faire mes courses.
Ce midi c'st deux portions de Regal Picon (sorte de fromage Vache qui Rit locale) et du pain délicieux, achetée au supermarché du village, tenue par un libanais.
Une image pas glorieuse mais omniprésente en brousse : les déchetteries sauvages. Partout des emballages, des sacs, des objets cassés abandonnés sur place. La brousse sénégalaise aux abords des village est constellée de déchets très longs à se dégrader. L' écologie est un luxe que seuls les pays dévelopés se permettent.
Et encore ici c’est relativement propre car le village réserve un seul endroit du village pour déposer ses déchets. Mais il n’y a pas de collecte ni d’incinération et encore moins de tri sélectif, chacun fait ce qu’il a envie. Tout s’envole au gré du vent et tous les arbres et les buissons aux alentours du village sont « décorés » de guirlandes en sacs plastiques multicolore… l’écologie est un luxe pour les populations pauvres.. mais nous sommes tout de même dans le parc naturel du Saloum et MArlotj ne semble pas aussi pauvre que les villages Peuls ou je me rendrais au nord ouest du Sénégal et qui seront nettement mieux tenus. Plus généralement la gestion des parcs naturels au Sénégal nous a parfois semblé à l’abandon ou du moins bizarrement géré (nous y reviendrons)...
Après la sieste obligatoire, je profite d’une pirogue qui part faire un tour dans les bolongs, pour visiter la beauté de ces paysages du Saloum, la fraicheur de l’eau réveille mes sens endormis par la chape plomb du soleil africain. Nous nous enfonçons dans les bolongs lentement…
Alcyon Pie
Aigrettes des Récifs
Héron cendré
Petit Cormoran
Tantale Ibis
Aigrette Garzette
Petits cormorans au reposoir
Les grands Cormorans se préparent à la nuit, soit sur les bancs de sable..
soit en haut des palétuviers
Pêcheursde crevettes
Spatules jouent à saute Mouton..
La nuit va tomber rapidement
un chacal nous surveille, la journée va commencer pour lui
Je rentre au campement et laisse le fabuleux Sine Saloum s'endormir, quel endroit magique, empreint d'une sérénité totale.
Demain, je pars marcher en Brousse !